Flore Lelièvre, dynamique trentenaire, a créé deux restaurants « extraordinaires » : Le Reflet à Nantes, sa ville d’origine, en décembre 2016 et son double à Paris dans le quartier du Marais, en octobre 2019. Particularité de ces excellentes tables ? La majorité de leurs équipes est composée de personnes porteuses de la trisomie 21. Cerise sur le gâteau du partage, depuis janvier dernier, Le Reflet parisien concocte pour 1 euro symbolique des repas pour les étudiants précarisés par la crise sanitaire.
Flore Lelièvre nous raconte les coulisses de cette belle aventure humaine et solidaire que le Lions Club Paris Ile de la Cité a souhaité soutenir.
Un environnement adapté
« Je suis architecte d’intérieur de formation. L’un de mes grands frères est porteur de la trisomie 21 et je me suis demandé comment, grâce à l’architecture, créer un lieu et des objets adaptés à des personnes comme lui. Au fil des rencontres, j’ai été encouragée à porter mon projet en parallèle à mon job d’architecte et j’ai fondé en 2016 une association de bénévoles pour la mixité professionnelle, « Les Extraordinaires ». C’est elle qui a soutenu la création du premier restaurant Le Reflet à Nantes et plus tard, du second à Paris. Ils emploient chacun 12 personnes, dont 7 porteuses de trisomie 21. Pour tenir compte de leur handicap, nous avons mis en œuvre des solutions originales et même ludiques pour les clients ! Pour prévenir de possibles difficultés d’écriture ou de lecture des serveurs, ce sont eux qui prennent leur commande en tamponnant sur une feuille le nom et le numéro des plats. Les chefs réfléchissent par ailleurs à des recettes qui puissent être au maximum préparées à l’avance pour éviter le stress de l’urgence : plats mijotés, cuissons basse température… Des assiettes ergonomiques conçues spécialement pour Le Reflet (empreintes des mains moulées sous l’assiette), permettent à nos serveurs ayant des problèmes de motricité fine d’être plus assurés dans leur gestes. Aujourd’hui, notre personnel handicapé a beaucoup gagné en confiance et en autonomie.
Promouvoir la différence
« Pour nos débuts à Nantes, nous avons bénéficié d’une super couverture médiatique ! » se souvient Flore Lelièvre. « Le public a bien mesuré l’impact social du projet. Des clients sont venus de tous les coins de France et même de l’étranger. Aujourd’hui, notre restaurant est reconnu comme l’une des meilleures tables de la ville. Mais pour atteindre notre but – favoriser l’emploi des personnes handicapées – nous souhaitions gagner encore en visibilité en ouvrant un second Reflet au cœur de Paris. Guillaume Gomez, chef des cuisines de l’Elysée qui emploie lui-même des personnes porteuses de handicap, nous a fait l’amitié de le parrainer. Les débuts étaient prometteurs mais hélas, quelques mois plus tard éclatait la crise sanitaire… Les confinements successifs ont été très difficiles à vivre pour notre personnel handicapé car ils étaient synonymes de retour chez les parents, d’isolement et de repli sur soi. C’est là que mi-janvier dernier, notre chef pâtissier de Paris a vu sur Facebook le post d’un restaurant de Liège qui préparait des repas pour les étudiants précarisés par la crise. Nous avons soumis l’idée à l’équipe qui a répondu par un OK enthousiaste. Et c’était parti !
Une aventure humaine et solidaire
Depuis le 29 janvier, nous fournissons chaque jeudi et vendredi des repas complets — 
entrée, plat et dessert — à des étudiants pour 1 euro. Ce prix symbolique a été rendu possible par la générosité de partenaires et de fournisseurs qui nous offrent la matière première cuisinée par nos équipes. Nous en sommes à 10 semaines d’opération avec 100 repas par semaine et 1118 repas distribué au total. Grâce au don de 2000€ du Lions Club Paris Ile de la Cité, nous avons pu augmenter le nombre de repas/jour servis en couvrant tous nos frais – masse salariale et frais fixes. Un grand merci à vous ! Après une semaine de repos, nous allons reprendre notre distribution pour trois nouvelles semaines les jeudi 22 et vendredi 23 avril.
En conclusion, l’opération repas étudiants est gratifiante à tous les points de vue. D’abord parce qu’elle répond à un véritable besoin : dès le lundi, tous nos repas sont réservés pour les jeudi et vendredi suivant. Et bien sûr parce que nos salariés handicapés se sentent utiles, reconnus et valorisés. Quand les étudiants viennent chercher leur repas, leur rencontre avec nos équipes est pleine d’humanité et de chaleur. »
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